Il est là depuis toujours, vous ne l'avez peut-être pas remarqué la première fois, mais c'est le disquaire qui vous accueille, avec ses étagères poussiéreuses et un petit café, quand vous n'êtes pas bien réveillé. L'escalier en spirale amène aux vieux disques, aux chansons d'avant, qu'on ne sait plus écouter, mais lui, il aimerait bien que vous le fassiez. Il voudrait que vous ressortiez votre tourne-disque et que la machine se mette à cliqueter sous ses yeux. Sa boutique est au bout des rues, à la limite entre la ville et les anciennes fermes, avec les grandes fenêtres et les plantes, toujours fraîches et colorées au bord. Et puis, si vous êtes bien informés, de temps en temps il se passe beaucoup de choses en arrière-boutique...

L'enseigne est aussi vieille que le petit ambitieux qui est venu la poser là. Personne ne sait vraiment à qui appartenaient les salles du cinéma, mais la plupart des habitants l'aiment parce qu'il est authentique, c'est bien le mot. Quelques années avant le décès de l'ancienne propriétaire, une vieille femme tout à fait attendrissante, il y eut un incendie, incendie qui laissa au bâtiment un seul appartement au premier étage. Miraculeusement les deux salles équipées d'un projecteur sont restées intactes. Ensuite, une famille l'a repris et depuis le cinéma propose la diffusion d'un film trois soirs par semaine. Deux fois par an, il y a un marathon qui fait profiter de classiques sagas mythiques en ville, pour un prix très raisonnable. Le pop-corn est artisanal, le programme est affiché sur la porte.

Approchez. Approchez donc. Laissez-vous tenter par le bruit irrésistible de la victoire du flipper. La machine attrape-peluche n'attend que vous. Vous êtes plûtot amateur de jeux vidéos ? Pas de soucis, ici on a même de quoi se faire un bon vieux Super Smash Bros à l'ancienne. Le paradis des collectionneurs n'a pas de prix - ou presque. Mais c'est bien connu, une pièce par ci par là n'a jamais tué personne.

Les résidences les plus vintages, c'est par ici. Impossible de les louper de toute façon ; il suffit de suivre les tâches de peinture et les trente-six milles posters superposés sur les pans des murs lézardés. Loin d'être l'endroit le plus calme pour dormir, ce quartier d'artistes insomniaques se révèle à la nuit tombée. Lampions multicolores accrochés de part et d'autre des rues, guitares et violoncelles sous les fenêtres, ou encore danses improvisées sur les pavés ... A se demander dans quel film de bohème on s'est perdu.